La question Occitane

Pourquoi se revendiquer spécifiquement comme occitans ? Cette question revient souvent. Elle mérite donc quelques explications.

D’un point de vue historique déjà, nous considérons que la nation occitane, qui n’a jamais eu d’Etat unifié à travers les siècles, a une existence concrète. La langue d’Oc (et ses dialectes: provençal, languedocien, béarnais…) constitue une richesse dans sa diversité et un patrimoine populaire important. L’Occitanie, pays de droit romain, traverse les siècles autour de ce socle tout en évoluant. Très tôt elle tombe sous le joug du nord, qui constituera l’État nommé France en pratiquant un véritable colonialisme économique et politique à partir de l’affermissement du pouvoir royal. Si Montesquieu déclare dans l’Esprit des Lois que «l’équilibre se maintien (en Europe) par la paresse que (la nature) a donnée aux nations du Midi, et par l’industrie et l’activité qu’elle a donnée à celles du Nord, c’est ce qui a naturalisé la servitude chez les peuples du Midi : comme ils peuvent aisément se passer de richesses, ils peuvent encore mieux se passer de liberté », on aurait tort de croire que cette vision raciste a vite disparu. L’écrivain d’extrême droite Céline décrit ainsi notre pays en 1942 : « Zone Sud, peuplée de bâtards méditerranéens, de Narbonoïdes dégénérés, de nervis, félibres gâteux, parasites arabiques que la France aurait eu tout intérêt à jeter par-dessus bord. Au-dessous de la Loire, rien que pourriture, fainéantise, infect métissage négrifié. » De quoi être fiers !

Mais cette colonisation ne s’est pas faite sans mal. De la croisade des albigeois à la révolte des vignerons, des camisards au Midi Rouge, nous portons un bel héritage de luttes populaires contre le centralisme jacobin puis pour la justice sociale.

Sur le plan culturel, l’Occitanie représente donc pour nous une référence positive, plus « Nord de Méditerranée » que « Sud de France » comme le dit si bien le groupe Mauresca. C’est un ensemble de références festives, musicales, géographiques, linguistiques, fluctuantes en fonction des époques et des lieux. Mais cette diversité ne nous déplait pas, au contraire même, elle constitue un atout. La république bourgeoise ne peut l’appréhender car elle n’entre pas dans ses logiques d’État-nation, et tant mieux !

Car politiquement enfin, l’Occitanie est pour nous un concept portant déjà en soi une partie des valeurs communistes. C’est à dire la diversité des cultures se rencontrant ici, la solidarité populaire et la tradition des luttes sociales. Autant de raisons de combattre pour elle.

Révolutionnaires car occitan-e-s, occitan-e-s car révolutionnaires !

2 réflexions sur “La question Occitane

  1. Miquèl dit :

    « une partie des valeurs communistes » ? Qu’es aquò per vosautres ?

    • Adiù Miquèl, pour nous, ces valeurs sont la solidarité populaire, la lutte pour la production et l’indépendance, la défense de l’autonomie culturelle, le besoin d’autodétermination… En colonisant le Midi au cours des siècles, l’État français a créé en retour une importante culture de résistance populaire. Au delà des conditions spécifiques, on peut d’ailleurs y trouver aussi des éléments communs aux luttes populaires se déroulant ailleurs dans le monde.
      Cet article de nos camarades de Sheisau Sorelh donne également des éléments de réflexion intéressants:
      http://sheisausorelh.e-monsite.com/blog/le-socialisme-la-societe-et-l-etat.html
      Ces questions nécessiteront d’être développées, on y travaillera.

Laisser un commentaire